WLA FILLE QUI N’AIMAIT PAS LIRE
Je n’aime pas lire.
Maman a beau m’acheter toutes sortes de livres, je n’aime pas lire.
Je déteste ça.
Je préfère aller me promener dehors avec mes copines, danser en écoutant de la musique ou encore jouer à la WI avec mon petit frère.
Mais chaque fois que j’ai de bonnes notes à l’école, alors que je rêverais de recevoir de nouvelles ballerines ou un DVD, maman m’offre un livre.
Aujourd’hui, elle m’en a encore offert un qui s’appelle : « La fille qui n’aimait pas lire ».
Je trouve ça absurde.
Parce qu’elle sait que je n’aime pas lire, maman m’offre un livre qui raconte l’histoire d’une fille qui n’aime pas lire.
Quel manque d’imagination !
Si je n’aimais pas dormir, elle m’achèterait sûrement un livre sur une fille qui refuse tous les soirs d’aller au lit.
Et si je n’aimais pas manger, un livre sur une fille qui, à chaque repas, rechigne à toucher à son assiette.
Maman croit peut-être que je vais lire ce livre parce que ça parle d’une fille qui, comme moi, déteste la lecture.
C’est vraiment se moquer du monde.
Alors, le soir, au lit, comme ce nouveau livre, je n’y touche pas, elle propose de m’en lire les premières pages.
Je bâille et ferme à moitié les yeux pour bien lui montrer que son histoire ne m’intéresse pas et que, rien que d’y penser, je sens déjà la fatigue m’envahir.
Mais, sans tenir compte de ma mauvaise humeur, maman ouvre le livre.
- Il était une fois, commence-t-elle d’une voix chaude et douce, une fille prénommée Salomé qui n’aimait pas lire. Elle n’en voyait pas l’utilité ni n’en ressentait le besoin. Elle préférait bien plus aller se promener dehors avec ses copines, danser en écoutant de la musique ou jouer à la WI avec son petit frère. Un jour, pour l’encourager à lire, sa mère lui acheta un livre qui s’appelait « La fille qui n’aimait pas lire »…
En écoutant ma mère, je me dis que sa plaisanterie n’est même pas drôle : elle fait semblant de me lire l’histoire du livre mais en réalité elle me raconte ma propre histoire. Je ne suis pas dupe.
Elle croit sans doute que je ne vais rien remarquer.
Alors, je me penche sur la page qu’elle a sous les yeux et là, je découvre que ce qu’elle fait mine de me lire à haute voix, ce sont vraiment les mots du livre !
Il est réellement écrit que Salomé n’aime pas lire et que sa mère lui a acheté un livre qui raconte l’histoire d’une fille qui n’aime pas lire.
Je trouve ça incroyable !
Moi qui me pensais unique !
Mais le plus incroyable, c’est que, l’air de rien, cette histoire commence à me captiver.
Car je me demande comment va réagir Salomé et je souris sous cape en comparant ma mère et la sienne. Elles ne sont pas beaucoup plus rusées l’une que l’autre.
Comme la mienne, la mère de Salomé s’imagine que sa fille va lire parce qu’elle lui a offert un livre racontant l’histoire d’une fille qui n’aime pas lire. J’espère que toutes les mères du monde n’utilisent pas des ficelles aussi grosses.
Je laisse maman poursuivre sa lecture.
- … Et Salomé trouvait idiot que sa mère lui achète un livre sur une fille qui n’aime pas lire. Elle se disait que si sa mère imaginait par cette astuce l’inciter à lire, elle se trompait.
En entendant ça, je jubile intérieurement.
Bravo Salomé ! Tu es comme moi ! Toi aussi, tu trouves que c’est bête. Si je te rencontrais, je suis certaine que nous deviendrions de grandes amies ! Des sœurs jumelles ! Toi comme moi, nous détestons lire, nous préférons nous promener dehors avec nos copines, danser en écoutant de la musique ou encore jouer à la WI avec notre petit frère.
Mais, à ce moment-là, maman se redresse.
- J’aurais aimé continuer, dit-elle, mais je dois m’occuper de ton frère. Achève ce livre, je viendrai t’embrasser et éteindre plus tard.
J’en étais sûre ! La voilà, la ruse de maman pour me pousser à lire tout seule.
Je ne marche pas.
- Non, je suis fatiguée, je préfère dormir tout de suite.
- Comme tu veux.
Elle m’embrasse, me souhaite une bonne nuit, éteint la lumière et sort de la chambre.
Dans le noir, je n’arrive pas à m’endormir. J’aimerais connaître la suite de l’histoire de ma nouvelle copine Salomé. Je ne pourrais pas m’endormir avant de savoir.
Alors, avec précaution afin que maman ne remarque rien, je rallume ma lampe.
Puis je rouvre le livre resté sur la table de chevet et me plonge avec délice dans la suite de l’histoire.
Cette suite est encore plus étonnante.
En effet, le soir venu, alors que Salomé est au lit, sa mère commence à lui lire le début de son nouveau livre. Et, au moment où elle commence à trouver l’histoire intéressante, tout à coup, sa mère lui demande de finir la lecture tout seule.
Sa mère a très exactement la même attitude que la mienne !
Et, comme moi, Salomé déclare qu’elle veut dormir tout de suite. Et elle attend que sa mère lui souhaite bonne nuit et éteigne la lumière, pour ensuite, rallumer sa lampe en secret et lire la fin du livre resté sur le chevet.
Vraiment, cette Salomé, je l’apprécie de plus en plus. Je n’aurais jamais pensé trouver dans un livre une copine qui me comprenne aussi bien.
D’ailleurs, le livre s’achève au moment où Salomé, après avoir fini la dernière page, éteint la lumière et plonge dans des rêves où s’entremêlent mots et images.
Je fais la même chose : une fois terminée la dernière page, j’éteins ma lumière. J’espère seulement avant de m’endormir qu’il existe d’autres livres dont Salomé est l’héroïne. Avec elle au moins, on ne s’ennuie pas.
Le matin, quand maman entre dans la chambre pour me réveiller, elle trouve très bizarre que mon livre ne soit pas à la place où elle l’a posée la veille. Et qu’il soit resté ouvert à la dernière page.
Zut ! J’aurais dû faire attention !
- Il a dû tomber et s’ouvrir tout seul, dis-je.
- Tiens, au fait, hier j’ai vu qu’il existait un autre livre qui avait pour héroïne la même Salomé. Je pourrais te le prendre si tu veux.
- Ah bon, un autre livre ?
Je fais semblant de grimacer comme si ça ne m’intéressait pas du tout mais maman voit bien que mes yeux brillent.
Alors, pour la détromper, je lui demande d’une voix calme.
- Et comment s’appelle ce livre ?
Maman me regarde d’un petit air ironique et, se penchant pour m’embrasser, elle me murmure à l’oreille.
- « La fille qui lisait en cachette de ses parents ».
Je n’aime pas lire.
Maman a beau m’acheter toutes sortes de livres, je n’aime pas lire.
Je déteste ça.
Je préfère aller me promener dehors avec mes copines, danser en écoutant de la musique ou encore jouer à la WI avec mon petit frère.
Mais chaque fois que j’ai de bonnes notes à l’école, alors que je rêverais de recevoir de nouvelles ballerines ou un DVD, maman m’offre un livre.
Aujourd’hui, elle m’en a encore offert un qui s’appelle : « La fille qui n’aimait pas lire ».
Je trouve ça absurde.
Parce qu’elle sait que je n’aime pas lire, maman m’offre un livre qui raconte l’histoire d’une fille qui n’aime pas lire.
Quel manque d’imagination !
Si je n’aimais pas dormir, elle m’achèterait sûrement un livre sur une fille qui refuse tous les soirs d’aller au lit.
Et si je n’aimais pas manger, un livre sur une fille qui, à chaque repas, rechigne à toucher à son assiette.
Maman croit peut-être que je vais lire ce livre parce que ça parle d’une fille qui, comme moi, déteste la lecture.
C’est vraiment se moquer du monde.
Alors, le soir, au lit, comme ce nouveau livre, je n’y touche pas, elle propose de m’en lire les premières pages.
Je bâille et ferme à moitié les yeux pour bien lui montrer que son histoire ne m’intéresse pas et que, rien que d’y penser, je sens déjà la fatigue m’envahir.
Mais, sans tenir compte de ma mauvaise humeur, maman ouvre le livre.
- Il était une fois, commence-t-elle d’une voix chaude et douce, une fille prénommée Salomé qui n’aimait pas lire. Elle n’en voyait pas l’utilité ni n’en ressentait le besoin. Elle préférait bien plus aller se promener dehors avec ses copines, danser en écoutant de la musique ou jouer à la WI avec son petit frère. Un jour, pour l’encourager à lire, sa mère lui acheta un livre qui s’appelait « La fille qui n’aimait pas lire »…
En écoutant ma mère, je me dis que sa plaisanterie n’est même pas drôle : elle fait semblant de me lire l’histoire du livre mais en réalité elle me raconte ma propre histoire. Je ne suis pas dupe.
Elle croit sans doute que je ne vais rien remarquer.
Alors, je me penche sur la page qu’elle a sous les yeux et là, je découvre que ce qu’elle fait mine de me lire à haute voix, ce sont vraiment les mots du livre !
Il est réellement écrit que Salomé n’aime pas lire et que sa mère lui a acheté un livre qui raconte l’histoire d’une fille qui n’aime pas lire.
Je trouve ça incroyable !
Moi qui me pensais unique !
Mais le plus incroyable, c’est que, l’air de rien, cette histoire commence à me captiver.
Car je me demande comment va réagir Salomé et je souris sous cape en comparant ma mère et la sienne. Elles ne sont pas beaucoup plus rusées l’une que l’autre.
Comme la mienne, la mère de Salomé s’imagine que sa fille va lire parce qu’elle lui a offert un livre racontant l’histoire d’une fille qui n’aime pas lire. J’espère que toutes les mères du monde n’utilisent pas des ficelles aussi grosses.
Je laisse maman poursuivre sa lecture.
- … Et Salomé trouvait idiot que sa mère lui achète un livre sur une fille qui n’aime pas lire. Elle se disait que si sa mère imaginait par cette astuce l’inciter à lire, elle se trompait.
En entendant ça, je jubile intérieurement.
Bravo Salomé ! Tu es comme moi ! Toi aussi, tu trouves que c’est bête. Si je te rencontrais, je suis certaine que nous deviendrions de grandes amies ! Des sœurs jumelles ! Toi comme moi, nous détestons lire, nous préférons nous promener dehors avec nos copines, danser en écoutant de la musique ou encore jouer à la WI avec notre petit frère.
Mais, à ce moment-là, maman se redresse.
- J’aurais aimé continuer, dit-elle, mais je dois m’occuper de ton frère. Achève ce livre, je viendrai t’embrasser et éteindre plus tard.
J’en étais sûre ! La voilà, la ruse de maman pour me pousser à lire tout seule.
Je ne marche pas.
- Non, je suis fatiguée, je préfère dormir tout de suite.
- Comme tu veux.
Elle m’embrasse, me souhaite une bonne nuit, éteint la lumière et sort de la chambre.
Dans le noir, je n’arrive pas à m’endormir. J’aimerais connaître la suite de l’histoire de ma nouvelle copine Salomé. Je ne pourrais pas m’endormir avant de savoir.
Alors, avec précaution afin que maman ne remarque rien, je rallume ma lampe.
Puis je rouvre le livre resté sur la table de chevet et me plonge avec délice dans la suite de l’histoire.
Cette suite est encore plus étonnante.
En effet, le soir venu, alors que Salomé est au lit, sa mère commence à lui lire le début de son nouveau livre. Et, au moment où elle commence à trouver l’histoire intéressante, tout à coup, sa mère lui demande de finir la lecture tout seule.
Sa mère a très exactement la même attitude que la mienne !
Et, comme moi, Salomé déclare qu’elle veut dormir tout de suite. Et elle attend que sa mère lui souhaite bonne nuit et éteigne la lumière, pour ensuite, rallumer sa lampe en secret et lire la fin du livre resté sur le chevet.
Vraiment, cette Salomé, je l’apprécie de plus en plus. Je n’aurais jamais pensé trouver dans un livre une copine qui me comprenne aussi bien.
D’ailleurs, le livre s’achève au moment où Salomé, après avoir fini la dernière page, éteint la lumière et plonge dans des rêves où s’entremêlent mots et images.
Je fais la même chose : une fois terminée la dernière page, j’éteins ma lumière. J’espère seulement avant de m’endormir qu’il existe d’autres livres dont Salomé est l’héroïne. Avec elle au moins, on ne s’ennuie pas.
Le matin, quand maman entre dans la chambre pour me réveiller, elle trouve très bizarre que mon livre ne soit pas à la place où elle l’a posée la veille. Et qu’il soit resté ouvert à la dernière page.
Zut ! J’aurais dû faire attention !
- Il a dû tomber et s’ouvrir tout seul, dis-je.
- Tiens, au fait, hier j’ai vu qu’il existait un autre livre qui avait pour héroïne la même Salomé. Je pourrais te le prendre si tu veux.
- Ah bon, un autre livre ?
Je fais semblant de grimacer comme si ça ne m’intéressait pas du tout mais maman voit bien que mes yeux brillent.
Alors, pour la détromper, je lui demande d’une voix calme.
- Et comment s’appelle ce livre ?
Maman me regarde d’un petit air ironique et, se penchant pour m’embrasser, elle me murmure à l’oreille.
- « La fille qui lisait en cachette de ses parents ».