Le petit chef d’orchestre
Un village de type plutôt médiéval ou rural, sans château ni voiture. Habillement médiéval des habitants. Univers plutôt rustique avec des à-côtés très fantaisistes et poétiques. Le nombre d’illustrations peut être réduit si le déroulé naturel de l’histoire est respecté dans la mesure où elles « paraphrasent » beaucoup le texte.
1.
Dans le village où je vis, tout le monde est musicien.
(Illustration : un village en plan large avec des villageois qui ont chacun un instrument en main et dont certains sont en train de jouer))
2.
Enfin j’exagère : tout le monde est musicien… sauf moi.
(Illustration : Arthur, assis sur une chaise, désœuvré et sans instrument)
3.
Chacun joue du même instrument que l’un de ses parents.
Ainsi, celui ou celle dont le père joue du violon et la mère de la flûte sera ou violoniste ou flûtiste.
(Illustration : une famille où la mère et le fils joue de la flûte et le père et la fille du violon)
4.
C’est comme ça.
Ça a toujours été comme ça.
(Illustration : Plusieurs familles avec des couples d’instruments)
5.
Le plus curieux, c’est qu’aucun enfant ne se plaint de l’instrument qui lui a été attribué.
Pour rien au monde, il ne voudrait en changer.
(Illustration : un enfant serrant fort contre lui son violoncelle, un autre frottant soigneusement avec un chiffon le cuivre de sa trompette, un troisième menotté à son tambour)
6.
Même les familles de chanteurs, dont pour chacun le seul instrument est la voix, sont contentes de leur sort.
(Illustration : un groupe de chanteurs)
7.
Moi aussi, j’ai une voix mais il m’est interdit de chanter
Et non seulement de chanter mais aussi d’apprendre à jouer d’un instrument.
(Illustration : plan plus large que la vignette précédente où l’on voit non seulement le groupe de chanteurs mais sur leur droite des instrumentistes et sur leur gauche Arthur tout seul sur une chaise ne faisant rien, bouche fermée)
8.
A cela, il y a une bonne raison : je suis un enfant trouvé.
(Illustration : un couffin devant une porte d’église)
Comme on ignore qui sont mes parents, nul ne sait de quels instruments ils jouaient.
Or, selon une très vieille loi de mon village, un enfant n’est autorisé à jouer que de l’instrument dont jouait l’un de ses parents.
9.
C’est une loi stupide.
(Illustration : Arthur, bras croisée, renfrogné et boudeur)
10.
Ainsi, j’ai voulu apprendre la contrebasse.
On me l’a défendu.
(Illustration : signe de la main négatif. Regards désapprobateurs)
11.
J’ai demandé à un camarade de me prêter sa trompette.
Il m’a laissé trois minutes en jouer.
Nous avons tous deux été punis.
(Illustration : Arthur et son copain mis au coin, main derrière le dos, tête baissée. La trompette à terre près d’eux.)
12.
J’aurais bien essayé d’apprendre un instrument en cachette. Mais, la musique, à l’inverse de la peinture ou de la poésie, n’est pas une activité silencieuse.
Même le plus discret des instruments, on l’entend.
(Illustration : l’enfant à l’écart dans la forêt, joue de la flûte. Un oiseau et un renard le regardent en sursautant. Regards désapprobateurs)
13.
Que croyez-vous alors que je fasse de mes deux mains pendant que les autres jouent ?
La chose plus naturelle du monde : je me bouche les oreilles !
(Illustration : Arthur, les mains plaqués sur les oreilles)
Car j’ai tout mon temps pour écouter
14.
Et ce que j’entends est horrible !
(Illustration d’une fanfare dépareillée)
Insupportable !
(Même illustration rapprochée)
Atroce !
(Même illustration rapprochée devant le tube d’un trombone)
15.
Dans mon village, chacun joue comme s’il était le seul musicien au monde.
Et c’est à qui jouera le plus fort.
Évidemment, pour se faire entendre, certains sont plus avantagés que d’autres.
(Illustration : un joueur de tuba costaud et un flûtiste gracile côte à côte. Le joueur de tuba semble noyer le flûtiste au son de son instrument)
16.
Mais tous ne rêvent que d’une chose : du silence de ses voisins.
(Illustration : un musicien avec un bulle de pensée rêveuse qui le montre jouant seul tandis qu’à-côté d’autres musiciens sont endormis à proximité de leur instrument)
17.
Moi, tout le monde m’aime
Cela n’a rien étonnant.
Je ne casse les oreilles de personne.
(Illustration : Arthur siffle légèrement. Le son qui sort de sa bouche est graphiquement faible. Les autres le regardent avec bienveillance)
18.
Comme je m’ennuie, je vais souvent à la bibliothèque du village. J’y ai découvert de vieux livres avec des signes étranges. On appelle ça des partitions. Et, comme je n’avais rien d’autres à faire, en quelques mois, j’ai appris à lire la musique.
(Illustration : Une vieille bibliothèque poussiéreuse et pleine de toiles d’araignées mais avec un certain charme surannée. Arthur, assis à une table, étudie devant des piles de partitions)
19.
J’ai découvert que les instruments pouvaient jouer ensemble sans se gêner les uns les autres.
(Illustration : une partition de quatuor, graphiquement stylisée)
Et que ça donnait une musique riche et magnifique.
20.
Alors, je suis allé voir trois de mes amis sur la place du village : l’un est violoniste, l’autre saxophoniste, la dernière est une jeune harpiste. Évidemment, comme je m’y attendais, ils se disputaient.
(Illustration : Arthur avec des feuilles de partition sur le bras. Devant lui, les trois musiciens se disputent)
21.
Si vous ne vous entendez pas, au moins faites en sorte que vos instruments s’entendent, leur ai-je dit.
Ils m’ont regardé sans comprendre
(Illustration : les trois musiciens avec des airs effarés regardent Arthur)
22.
Discrètement je leur ai chantonné à l’oreille la partie que je voulais que chacun joue.
(Illustration : Arthur penché à l’oreille de l’un)
Et je les ai invités à jouer cette musique en suivant les indications de mes mains.
23.
Piqués par la curiosité, d’autres musiciens, instruments en main, se sont rapprochés.
(Illustration : rassemblement de musiciens)
24.
La harpiste a commencé seule à jouer tandis que je lui faisais des signes des mains. Personne ne comprenait pourquoi je bougeais les bras.
(Illustration : la harpiste qui joue en regardant les mains d’Arthur. Les villageois dubitatifs)
25.
Quand le violoniste et le saxophoniste ont commencé eux aussi à jouer, la plupart des villageois ont failli mettre les mains sur leur oreille.
(Illustration : tandis que le violoniste s’y met, les villageois, yeux ronds, bras pliés avec mains au niveau des épaules comme s’ils allaient se boucher les oreilles puis s’étaient arrêtés dans leur élan)
Puis ils se sont arrêtés, stupéfaits, tant ce qu’ils entendaient leur semblait beau.
26.
Jamais, ils n’avaient entendu quelque chose d’aussi harmonieux. Tous étaient saisis par ce prodige. A la fin, nous avons eu droit à une ovation.
(Illustration : Ovation enthousiaste des spectateurs)
27.
Le lendemain, la plupart des musiciens du village ont voulu participer au concert. Mais il a d’abord fallu qu’ils apprennent à lire les partitions.
(Illustration : Arthur devant un tableau dehors. Les musiciens sur des tables comme à l’école)
28.
Quelques semaines plus tard, nous avons commencé notre premier concert. Ca a été un succès immense.
(Illustration : sur la grande place, un orchestre et des spectateurs)
29.
Depuis, dans le village, personne ne songe plus à se boucher les oreilles
Et moi, moins encore
D’ailleurs, ça m’est impossible
Car, avec mes mains, je dirige l’orchestre
(Illustration : Arthur sous un kiosque à musique, dirigeant un groupe de musicien)
30.
Hier, l’un des sages du village m’a dit que le Conseil des Anciens trouvait notre loi stupide et que, si je le voulais, je pouvais apprendre à jouer de l’instrument de mon choix.
(Illustration : le vieux sage qui parlent à Arthur)
31.
J’ai refusé sa proposition.
Je lui ai dit qu’en dirigeant l’orchestre du village, j’avais le sentiment de jouer du plus bel instrument du monde.
(Illustration : Arthur jouant avec sa baguette)
Un village de type plutôt médiéval ou rural, sans château ni voiture. Habillement médiéval des habitants. Univers plutôt rustique avec des à-côtés très fantaisistes et poétiques. Le nombre d’illustrations peut être réduit si le déroulé naturel de l’histoire est respecté dans la mesure où elles « paraphrasent » beaucoup le texte.
1.
Dans le village où je vis, tout le monde est musicien.
(Illustration : un village en plan large avec des villageois qui ont chacun un instrument en main et dont certains sont en train de jouer))
2.
Enfin j’exagère : tout le monde est musicien… sauf moi.
(Illustration : Arthur, assis sur une chaise, désœuvré et sans instrument)
3.
Chacun joue du même instrument que l’un de ses parents.
Ainsi, celui ou celle dont le père joue du violon et la mère de la flûte sera ou violoniste ou flûtiste.
(Illustration : une famille où la mère et le fils joue de la flûte et le père et la fille du violon)
4.
C’est comme ça.
Ça a toujours été comme ça.
(Illustration : Plusieurs familles avec des couples d’instruments)
5.
Le plus curieux, c’est qu’aucun enfant ne se plaint de l’instrument qui lui a été attribué.
Pour rien au monde, il ne voudrait en changer.
(Illustration : un enfant serrant fort contre lui son violoncelle, un autre frottant soigneusement avec un chiffon le cuivre de sa trompette, un troisième menotté à son tambour)
6.
Même les familles de chanteurs, dont pour chacun le seul instrument est la voix, sont contentes de leur sort.
(Illustration : un groupe de chanteurs)
7.
Moi aussi, j’ai une voix mais il m’est interdit de chanter
Et non seulement de chanter mais aussi d’apprendre à jouer d’un instrument.
(Illustration : plan plus large que la vignette précédente où l’on voit non seulement le groupe de chanteurs mais sur leur droite des instrumentistes et sur leur gauche Arthur tout seul sur une chaise ne faisant rien, bouche fermée)
8.
A cela, il y a une bonne raison : je suis un enfant trouvé.
(Illustration : un couffin devant une porte d’église)
Comme on ignore qui sont mes parents, nul ne sait de quels instruments ils jouaient.
Or, selon une très vieille loi de mon village, un enfant n’est autorisé à jouer que de l’instrument dont jouait l’un de ses parents.
9.
C’est une loi stupide.
(Illustration : Arthur, bras croisée, renfrogné et boudeur)
10.
Ainsi, j’ai voulu apprendre la contrebasse.
On me l’a défendu.
(Illustration : signe de la main négatif. Regards désapprobateurs)
11.
J’ai demandé à un camarade de me prêter sa trompette.
Il m’a laissé trois minutes en jouer.
Nous avons tous deux été punis.
(Illustration : Arthur et son copain mis au coin, main derrière le dos, tête baissée. La trompette à terre près d’eux.)
12.
J’aurais bien essayé d’apprendre un instrument en cachette. Mais, la musique, à l’inverse de la peinture ou de la poésie, n’est pas une activité silencieuse.
Même le plus discret des instruments, on l’entend.
(Illustration : l’enfant à l’écart dans la forêt, joue de la flûte. Un oiseau et un renard le regardent en sursautant. Regards désapprobateurs)
13.
Que croyez-vous alors que je fasse de mes deux mains pendant que les autres jouent ?
La chose plus naturelle du monde : je me bouche les oreilles !
(Illustration : Arthur, les mains plaqués sur les oreilles)
Car j’ai tout mon temps pour écouter
14.
Et ce que j’entends est horrible !
(Illustration d’une fanfare dépareillée)
Insupportable !
(Même illustration rapprochée)
Atroce !
(Même illustration rapprochée devant le tube d’un trombone)
15.
Dans mon village, chacun joue comme s’il était le seul musicien au monde.
Et c’est à qui jouera le plus fort.
Évidemment, pour se faire entendre, certains sont plus avantagés que d’autres.
(Illustration : un joueur de tuba costaud et un flûtiste gracile côte à côte. Le joueur de tuba semble noyer le flûtiste au son de son instrument)
16.
Mais tous ne rêvent que d’une chose : du silence de ses voisins.
(Illustration : un musicien avec un bulle de pensée rêveuse qui le montre jouant seul tandis qu’à-côté d’autres musiciens sont endormis à proximité de leur instrument)
17.
Moi, tout le monde m’aime
Cela n’a rien étonnant.
Je ne casse les oreilles de personne.
(Illustration : Arthur siffle légèrement. Le son qui sort de sa bouche est graphiquement faible. Les autres le regardent avec bienveillance)
18.
Comme je m’ennuie, je vais souvent à la bibliothèque du village. J’y ai découvert de vieux livres avec des signes étranges. On appelle ça des partitions. Et, comme je n’avais rien d’autres à faire, en quelques mois, j’ai appris à lire la musique.
(Illustration : Une vieille bibliothèque poussiéreuse et pleine de toiles d’araignées mais avec un certain charme surannée. Arthur, assis à une table, étudie devant des piles de partitions)
19.
J’ai découvert que les instruments pouvaient jouer ensemble sans se gêner les uns les autres.
(Illustration : une partition de quatuor, graphiquement stylisée)
Et que ça donnait une musique riche et magnifique.
20.
Alors, je suis allé voir trois de mes amis sur la place du village : l’un est violoniste, l’autre saxophoniste, la dernière est une jeune harpiste. Évidemment, comme je m’y attendais, ils se disputaient.
(Illustration : Arthur avec des feuilles de partition sur le bras. Devant lui, les trois musiciens se disputent)
21.
Si vous ne vous entendez pas, au moins faites en sorte que vos instruments s’entendent, leur ai-je dit.
Ils m’ont regardé sans comprendre
(Illustration : les trois musiciens avec des airs effarés regardent Arthur)
22.
Discrètement je leur ai chantonné à l’oreille la partie que je voulais que chacun joue.
(Illustration : Arthur penché à l’oreille de l’un)
Et je les ai invités à jouer cette musique en suivant les indications de mes mains.
23.
Piqués par la curiosité, d’autres musiciens, instruments en main, se sont rapprochés.
(Illustration : rassemblement de musiciens)
24.
La harpiste a commencé seule à jouer tandis que je lui faisais des signes des mains. Personne ne comprenait pourquoi je bougeais les bras.
(Illustration : la harpiste qui joue en regardant les mains d’Arthur. Les villageois dubitatifs)
25.
Quand le violoniste et le saxophoniste ont commencé eux aussi à jouer, la plupart des villageois ont failli mettre les mains sur leur oreille.
(Illustration : tandis que le violoniste s’y met, les villageois, yeux ronds, bras pliés avec mains au niveau des épaules comme s’ils allaient se boucher les oreilles puis s’étaient arrêtés dans leur élan)
Puis ils se sont arrêtés, stupéfaits, tant ce qu’ils entendaient leur semblait beau.
26.
Jamais, ils n’avaient entendu quelque chose d’aussi harmonieux. Tous étaient saisis par ce prodige. A la fin, nous avons eu droit à une ovation.
(Illustration : Ovation enthousiaste des spectateurs)
27.
Le lendemain, la plupart des musiciens du village ont voulu participer au concert. Mais il a d’abord fallu qu’ils apprennent à lire les partitions.
(Illustration : Arthur devant un tableau dehors. Les musiciens sur des tables comme à l’école)
28.
Quelques semaines plus tard, nous avons commencé notre premier concert. Ca a été un succès immense.
(Illustration : sur la grande place, un orchestre et des spectateurs)
29.
Depuis, dans le village, personne ne songe plus à se boucher les oreilles
Et moi, moins encore
D’ailleurs, ça m’est impossible
Car, avec mes mains, je dirige l’orchestre
(Illustration : Arthur sous un kiosque à musique, dirigeant un groupe de musicien)
30.
Hier, l’un des sages du village m’a dit que le Conseil des Anciens trouvait notre loi stupide et que, si je le voulais, je pouvais apprendre à jouer de l’instrument de mon choix.
(Illustration : le vieux sage qui parlent à Arthur)
31.
J’ai refusé sa proposition.
Je lui ai dit qu’en dirigeant l’orchestre du village, j’avais le sentiment de jouer du plus bel instrument du monde.
(Illustration : Arthur jouant avec sa baguette)